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Salomé

5 septembre 2010

Du sommeil et de l'air

Je ne mange que du sommeil et de l'air
Je suis plus mince que personne et je brûle ma peau petit à petit
jusqu'à ce que j'atteigne l'os
jusqu'à ce que j'arrive là où je suis essentielle
Jusqu'à ce que j'arrive là où je suis.
La nourriture ne me tente plus car je suis si pleine d'énergie et de sens
je peux même me passer d'eau maintenant parce que j'enlève les parties de moi dont je n'ai plus besoin.
Je pouvais sentir les lentes gouttes de douleur avant,
tourbillonner à l'intérieur là où mes poumons auraient du être.
Maintenant je suis propre à l'intérieur.
J'ai jeté des centaines de choses dont je n'avais plus besoin.
Toutes mes robes et mes soutiens gorges
Des choses stupides comme des jeans et des chaussettes.
La plupart du temps je flotte à travers la maison nue pour me voir dans les miroirs.
J'en ai des centaines partout et ils me répondent tout le temps. Ils me conservent vraie et pure.
Ils vérifient que je suis toujours bien là.
Quand j'ai su ce que je devais faire j'ai pris tous mes carnets de notes, tous mes manuscrits, et je les ai mangé page par page afin de prendre mes mots avec moi.
Je peux enfin contrôler ma vie et même ma mort et je vais mourir lentement comme la fumée s'échappe d'une pipe.
c'est beau de se laisser aller à la folie, comme c'est beau de faire ce genre de voyage et de se moquer de savoir si on sera là pour revenir raconter la fin de l'histoire.
Tout ce qui sort de moi est sacré, chaque larme, chaque toux.
Tout ce qui part de moi est sacré chaque ongle, chaque cil, chaque cheveux.
Je gratte mes os contre la fenêtre la nuit.
J'allume des bougies et je m'évapore.
Ce corps est une petite église. Un petit temple
Vous ne me voyez plus maintenant, parce que j'ai disparu à l'intérieur.
Ma famille ne m'appelle plus.
Mes amis ne m'appellent plus.
Vous ne pouvez plus me faire du mal.
Ils ne peuvent plus me faire du mal.
Seulement moi. Et c'est bien comme ça.
Je n'ai plus besoin d'eux.
je peux vivre de moi-même.
Je me parle. Je danse avec moi.
je me mange.
Quand ils me trouveront, j'aurai un petit sourire sur mon visage et ils m'envelopperont dans
un drap blanc et me coucheront sur le sol et diront qu'ils ne comprennent pas.
Mais moi si.
Je ne souffre plus.
Je ne suis plus seule.
Je ne suis plus triste.
je ne suis plus jolie.
J'ai réussi.
Je me sens si pure et propre quand je m'étends par terre et que je murmure.
Parfois Dieu vient quelques minutes et me dit que je vais bien, je suis presque arrivée.
Chaque jour je suis de plus en plus près de disparaître.
Parfois je ne peux pas me lever parce que la pièce bouge sous mes pieds et je souris
parce que je suis presque arrivée, je suis presque un ange.
Un jour quand je serai assez mince
j'irai dehors levant mes bras pour voler
et je serai si légère que je passerai à travers de vous tous silencieusement comme le vent.

airsalom

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